La Vie du Domaine Terroirs & Découvertes

Sécheresse ou trop de pluie ? Le quotidien incertain des vignerons face au climat.

2021, 2022, 2023 : années de sécheresse. Les vignerons râlent :
« Les vignes vont stresser, les maturités bloquent, on va ramasser du raisin sec, ne pas faire de volume… »

2025, une année où la pluviométrie est la plus importante depuis 4 ans. Bonne nouvelle ? Oui, bien sûr !
Les nappes phréatiques refont leurs réserves, les champs et les vignes sont plus verts que jamais.
« Qu’elles sont belles, nos vignes ! » dirons-nous, pleins d’espoir.
Un hiver pluvieux, sans gel, presque pas de grêle — c’était vraiment une saison rêvée !
Arrive le printemps pluvieux, et subitement, le visage du vigneron change. Ce sourire radieux fait place à une ride au front inquiet.
« Mildiou », « Black Rot »… Ces mots sont sur toutes les lèvres dès que la chaleur pointe son nez, sans le souffle salvateur du mistral.

Alors, le vigneron n’est-il jamais content ? Ou bien son métier exige-t-il d’être prudent tout au long de l’été ?
Explication.


 

 

Quelles sont les conséquences de la sécheresse ?

« L’eau c’est la vie ». Cette phrase si simple résume parfaitement le besoin de chaque être vivant d’avoir suffisamment d’eau pour se développer correctement et offrir le meilleur de lui-même.
Notre région languedocienne subit de plus en plus de sécheresses prolongées, épuisant les nappes phréatiques et provoquant un stress hydrique.
Les végétaux, privés d’eau, réservent leurs ressources pour leur survie, au détriment des fruits. Résultat : des raisins pas assez mûrs, ou trop concentrés en sucre et sans jus. Cela donne des vins très alcooleux, à contre-courant de la tendance actuelle vers des boissons plus légères.

Et pourtant, s’il pleut trop…

À l’inverse, une année comme 2025 fait rêver sur le papier. À Saint-Pargoire, de janvier à mai, on atteint déjà les 630 mm, contre une moyenne annuelle de 600 mm.
En hiver, pas de problème : la vigne dort, pas de feuilles à protéger, pas de raisins à craindre pour la grêle.
Mais à partir de mars, quand les bourgeons éclatent, un nouveau défi surgit : lutter contre les maladies fongiques.

Le mildiou, causé par Plasmopara viticola, attaque les feuilles en laissant des taches jaunes et un duvet blanc en dessous. Il peut aller jusqu’à faire tomber les grappes. Le black rot, quant à lui, est dû à Guignardia bidwellii. Il provoque des taches noires sur les feuilles et des baies qui noircissent et sèchent sur pied. Ces maladies, favorisées par l’humidité printanière et une chaleur sans vent, peuvent ruiner une récolte entière en quelques jours si elles ne sont pas rapidement maîtrisées.

Vivre avec, sans subir

En tant que vignerons travaillant en bio, seul le cuivre est utilisé comme traitement. Nous le déposons sur les feuilles, tel un parapluie protecteur face à la pluie. Mais ce n’est pas miraculeux, et nous devons aussi accepter de vivre avec ces maladies, en les maîtrisant du mieux possible pour qu’elles n’atteignent pas les raisins — car alors, c’est toute la récolte qui est menacée.

Notre meilleur allié ? Le Mistral ! Ce vent du nord assèche, assainit, et permet à la vigne de respirer. Les feuilles sèchent, les maladies reculent, et la plante peut profiter du soleil en toute sérénité pour faire grandir ces fruits si essentiels pour nous, vignerons.

À ce jour, au Domaine Blanville, nous sommes peu touchés par le mildiou, mais un peu plus par le black rot. Nous restons vigilants, tout en limitant nos traitements et les passages de tracteur dans les vignes. Un juste équilibre à trouver entre réduire notre empreinte, et ne pas perdre face aux aléas climatiques.

Entre vigneron.nes et la Terre, c’est une danse saisonnière qui recommence, millésime après millésime.